

J'ai suivi le stage "5 jours pour Entreprendre" de la CCI Haute-Savoie
Vivez le stage "5 jours pour Entreprendre" à travers le regard de Laurence Sonney, future commerçante. Elle revient, pour nous, au jour le jour sur son expérience. Le stage "5 jours pour Entreprendre", formation certifiante pluridisciplinaire, s’adresse à tous ceux qui souhaitent créer ou reprendre une entreprise, quel que soit l’état d’avancement de l'idée ou du projet.
Laurence Sonney s’est inscrite au stage « 5 jours pour entreprendre » proposé par la CCI Haute-Savoie. Ce stage est dispensé actuellement (du 29 juin au 5 juillet 2016) à Annemasse grâce à la collaboration entre la CCI Haute-Savoie et la Maison de l’Economie Développement. Impressions et cheminement d’une entrepreneuse qui ouvre dans quelques semaines sa boutique de décoration à Thonon-les-Bains.
Mercredi 29 juin - jour 1
"Quand on crée son entreprise, mieux vaut se préparer à ce que rien ne se passe comme prévu."
En effet, il se trouve que la vie s’arrange parfois pour que ce soit encore mieux !
A 52 ans, enfin décidée à ouvrir ma boutique de décoration, je pars en quête d’un local à louer. En visitant une boutique dans les rues piétonnes de Thonon-les-Bains, j’ai un coup de cœur ! Mais j’arrive trop tard, le magasin vient d’être loué. Prise d’une subite inspiration, je tente alors le tout pour le tout et propose l’achat des murs. Heureuse initiative, la propriétaire accepte ! Encore quelques formalités à accomplir chez le notaire et les clés seront bientôt à moi. Cette fois ça y’est, le pas est franchi. J’ai surmonté mes propres doutes et ceux de mon entourage.
J’ai regardé le risque en face, objectivement. Et j’ai conclu que ce projet de création n’attendait que moi pour réussir ! J’ai consacré les dernières 27 années à faire de la programmation informatique dans une banque genevoise. Jusqu’à ce que la vie me rattrape et me ramène à l’essentiel. Le moment est donc venu de me reconnecter à mes aspirations profondes et de dépoussiérer mes rêves de jeune-fille.
Le cœur de ville de Thonon aura donc sa boutique de décoration cosy chic ! On y trouvera des plaids et des coussins, des cadres photos et des photophores, des horloges et des miroirs, des services à café et des bougies. Tout sera à vendre, des armoires aux étagères et même le comptoir ! Ce sera charmant et ensoleillé. On y viendra pour dénicher l’idée cadeau originale. Je me déplacerai aussi au domicile de ma clientèle pour dispenser des conseils déco. J’ai déjà passé ma première commande chez l’un de mes fournisseurs de prédilection. J’ai engagé quelques travaux dans la boutique qui portera le nom de ma fille : « La déco by Léna ». C’est sûr, elle me portera bonheur !
"J’ai imaginé que ce serait l’occasion pour moi de rencontrer d’autres entrepreneurs"
Tout sera prêt pour l’ouverture en octobre prochain. Je repense alors à tout le chemin parcouru depuis des mois : sonder le marché, dialoguer avec des commerçants, positionner mes tarifs, identifier un expert-comptable, assurer le local… j’en ai passé des heures à me documenter sur Internet !
Quand la CCI de Haute-Savoie m’a relancée pour participer au stage « 5 jours pour entreprendre », j’ai d’abord pensé que je n’y apprendrai rien de plus. Que j’étais presque au bout du projet. Et puis j’ai imaginé que ce serait l’occasion pour moi de rencontrer d’autres entrepreneurs. De sortir de mon isolement. De partager nos ambitions et de confronter nos expériences. Le stage se déroulait à côté de chez moi. J’y suis donc allée. Après tout, peut-être avais-je négligé une étape essentielle dans mon parcours de création ?
Dès le départ, l’accueil a été très chaleureux. Après la réserve des premières minutes, une véritable dynamique de groupe s’est rapidement installée. Nous étions une quinzaine, amenés chacun notre tour à nous présenter et à expliquer nos projets respectifs. Exercice simple me répondrez-vous. Seulement en apparence ! Si l’auditoire n’a pas tout compris, alors on recommence ! Un exercice redoutable, animé par un formateur exigent mais qui nous a poussés à adopter un discours précis et compréhensible par tous. N’est-ce pas la base pour qui veut bien se vendre ?
A mes côtés, des entrepreneurs de tous horizons : un architecte d’intérieur, un conducteur de travaux, un agent immobilier…. Autant de relations qui me seront utiles dans ma nouvelle activité. A l’issue de cette première journée, je retiens le professionnalisme de l’intervenant qui nous a généreusement nourris de toute son expérience. Sans artifices, il nous a proposé une vision réaliste de ce que signifie devenir entrepreneur. Sans découragement non plus. Avec des mots vrais qui nous confortent dans nos choix.
Pour le moment, tout me semble familier. Mais demain, il sera question de chiffres, de plan de trésorerie, de seuil de rentabilité et de bilan. Moi qui n’ai pas songé à établir le moindre prévisionnel financier, je sens qu’il va falloir que je sois très attentive !
Jeudi 30 juin - jour 2
"L’étude de marché est un processus long et fastidieux au cours duquel l’entrepreneur endosse tous les rôles"
C’est avec un réel enthousiasme que je retrouve le groupe. Je constate que les premières affinités se créent et me voici déjà en train de covoiturer avec l’un des participants. Cette nouvelle journée est animée par un expert-comptable spécialiste de la gestion et de la création d’entreprise. Les explications sont claires, ponctuées de traits d’humour, d’anecdotes parlantes et d’astuces utiles. Nous sommes tout ouïe.
Il insiste d’abord sur l’étape incontournable de l’étude de marché.
Mon entreprise sera-t-elle viable ?
Aurai-je les reins assez solides pour la porter ?
Ai-je correctement positionné mon offre ?
C’est tout l’enjeu de la réflexion.
L’étude de marché est un processus long et fastidieux au cours duquel l’entrepreneur endosse tous les rôles. Celui du commercial, du gestionnaire, du communicant et j’en passe. Cette intense période d’exploration est aussi celle des premiers choix stratégiques. Dans mon cas, quand on se lance dans un commerce, choisir le bon emplacement est une question de survie.
Faut-il opter pour la nouvelle galerie commerçante dont tout le monde parle ou privilégier le cœur de ville ? Et ne comptez pas sur l’entourage pour vous aider à prendre vos décisions. Le contexte économique actuel est à la morosité et les encouragements se font rares. Mais quand enfin les premiers choix sont posés, c’est tout le projet qui s’incarne. Pour ma part, j’ai choisi une boutique dans les rues de piétonnes de Thonon-les-Bains, après avoir passé des semaines à visiter et comparer tous les espaces disponibles. J’ai aussi voyagé des Pyrénées Atlantiques jusqu’à Bruxelles pour rencontrer des commerçants, recueillir leurs expériences et leurs conseils.
C’est comme ça que j’ai déniché quelques précieuses adresses de fournisseurs, identifié les articles incontournables de ma future boutique et compris qu’une ouverture nocturne hebdomadaire serait indispensable.
"J’ai réalisé que je n’avais pas rédigé de plan comptable. Je suis à présent en mesure d’y remédier."
Alors quand le formateur a détaillé tous les aspects que revêt l’étude de marché, j’ai pensé avec soulagement et une certaine satisfaction que j’avais passé cette première marche avec succès. Il a ensuite été question de chiffres d’affaires prévisionnel, de seuil de rentabilité, de calculs de charges, de dégagement de bénéfices et de calcul de TVA. J’ai réalisé que je n’avais pas rédigé de plan comptable. Je suis à présent en mesure d’y remédier. Tout au long de cette journée, le consultant a réaffirmé certaines règles de bonne conduite ! Oui, le salaire du dirigeant doit être comptabilisé dans les charges fixes dès le début de l’activité. Non, il n’est pas utile de garder l’œil rivé sur le chiffre d’affaires chaque jour, un report hebdomadaire sera plus représentatif.
Oui, chaque année en France plus de 500 000 entreprises se créent et près de 60 000 défaillent. Mais combien n’auraient jamais dû ouvrir faute de reposer sur des bases solides et cohérentes ? Les propos de l’expert ont une résonnance optimiste sur moi et les autres stagiaires.
A l’issue de cette journée qui a défilé à toute allure, je suis dans l’impatience et l’expectative de la suite de la formation. Demain, il sera question des statuts avec un conseiller juridique. EURL, EIRL, SAS, SARL… c’est quoi déjà la différence ?
Vendredi 1er juillet - jour 3
"Se mettre à son compte ressemble bien à un saut dans le vide."
J’entame la troisième journée consacrée à la création d’entreprise, soit plus de 20 heures à penser l’entreprenariat sous toutes ses formes. Les autres participants et moi-même sommes complètement immergés. Nous ne parlons que de ça, y compris pendant les pauses déjeuner. Une certaine assurance s’est installée dans le groupe. Nous maîtrisons de mieux en mieux notre sujet, nul doute que la formation nous rend plus pointus. Plus matures et lucides également. Je pressens déjà qu’un tiers des stagiaires pourraient renoncer à leur projet de création à l’issu du stage.Le moment opportun n’est peut-être pas venu pour tous. L’expression reculer pour mieux sauter prend alors tout son sens.
Car se mettre à son compte ressemble bien à un saut dans le vide. On essaie d’anticiper un maximum de paramètres. Malgré cela, on tâtonne vers l’inconnu. Qui peut augurer de la réussite et de la longévité de nos ambitions ? Combien d’entrepreneurs se sont oubliés en chemin ?
Notre formatrice d’aujourd’hui nous l’a d’ailleurs assez répété : notre situation personnelle façonne le visage de notre entreprise, l’imprègne et la conditionne.
Etes-vous lié par un contrat de mariage ?
Votre conjoint est-il impliqué dans votre affaire ?
Etes-vous à l’inverse sans appui ?
Evoluez-vous en toute autonomie ou envisagez-vous de vous associer ?
Travaillez-vous à votre domicile ou l’occupation d’un local est-elle indispensable ?
Disposez-vous d’un apport ?
Les banques acceptent-elles de vous financer ?
Définitivement, les aspects que revêt notre vie privée entrent en résonnance directe avec notre projet d’entreprise. Pour chacun d’entre nous, il n’y a aucun standard.
Nous avons tous eu droit aux recommandations de notre grande tante et de notre cousin germain. Utiles, certes. Mais s’en contenter serait néanmoins périlleux.
"A chaque forme juridique ses incidences fiscales, sociales et patrimoniales. Mieux vaut tout se faire expliquer !"
La consultation d’un expert-comptable est donc essentielle. C’est le mot d’ordre de la journée. Lui seul pourra prendre la pleine mesure du projet, dans sa dimension professionnelle et individuelle. En découlera le choix du bon statut. SARL, EURL, SAS, EIRL, SASU ou EI…les nuances sont parfois subtiles. A chaque forme juridique ses incidences fiscales, sociales et patrimoniales. Mieux vaut tout se faire expliquer !
Jusqu’à présent, la formation me conforte dans mes orientations. Pour avoir déjà consulté un expert-comptable, je savais que le montage en EURL conviendrait à ma situation particulière. Les explications très fournies et très explicites de la formatrice n’ont fait que confirmer ce que je savais être la bonne stratégie. Le discours me semble cohérent. Assurance, retraite, protection sociale… tout est passé en revue avec concision.
J’observe les autres membres du groupe : pour certains c’est la révélation. Pour d’autres, la remise en question. Une seule certitude : la réflexion est bien engagée pour chacun d’entre nous !
En effet, créer son entreprise est aussi une affaire de prévoyance et de vigilance.
Lundi 4 juillet - jour 4
"L’intervenant s’appuie sur des exemples évocateurs et en revient systématiquement à nos cas particuliers."
La coupure du week-end a été profitable. L’organisation du stage est bien pensée, ces deux jours de pause m’ont laissé le temps d’assimiler toutes les informations des dernières sessions. C’est donc avec les idées claires et une certaine forme d’impatience que je retrouve mon groupe de formation.
Le stage est animé à nouveau par l’expert en gestion et création d’entreprise. Il use de tout son humour et de sa bonne humeur pour nous aider à apprivoiser les chiffres. Au programme : bilan comptable, plan de financement, budget prévisionnel de trésorerie, capitaux propres, compte de résultats…
Heureusement, l’intervenant s’appuie sur des exemples évocateurs et en revient systématiquement à nos cas particuliers. Les apports sont très concret.
Je souris en pensant qu’il y a plus de 30 ans, je passais mon baccalauréat option comptabilité. Je constate que cette formation ravive certains acquis. J’ai le sentiment de repasser l’examen ! Pourrai-je prétendre à la mention cette fois-ci ? Je m’amuse à le croire, tant il me semble avoir pensé à tout dans les moindres détails : j’ai identifié mes charges, calculé mes marges, fixé mes prix, tablé sur un renouvellement de stock tous les 4 à 6 mois. Reste à savoir si cela sera suffisant. Telle est l’inconnue de mon équation. C’est ainsi, certains paramètres ne se vérifient que par l’expérience !
"Je me rends compte alors de tout le travail que j’ai abattu seule. Ce constat m’inspire un sentiment gratifiant mais aussi un léger regret. Celui de ne pas avoir suivi cette formation plus tôt."
Le consultant multiplie les conseils avisés et appelle à la vigilance : séparer les comptes privés et professionnels, anticiper les prélèvements de TVA et de cotisations obligatoires, garder l’œil rivé sur l’état de la trésorerie… Ce dernier point ne devrait pas me coûter trop d’efforts ! Depuis plus de 20 ans, j’ai pris l’habitude de contrôler chaque jour mes comptes en banque ! Simple rituel ou précaution rassurante, qu’importe, je suis vraisemblablement dans la bonne tournure d’esprit pour assumer mes prochaines responsabilités. Pendant cette journée, il sera également question de l’édition des devis et des factures, des mentions légales et des conditions générales de vente. La rédaction de ces-dernières mérite la validation d’un juriste. Il faut savoir bien s’entourer, nous rappelle le formateur.
Je me rends compte alors de tout le travail que j’ai abattu seule. Ce constat m’inspire un sentiment gratifiant mais aussi un léger regret. Celui de ne pas avoir suivi cette formation plus tôt. J’aurais alors pu me simplifier quelques étapes. Mais la route n’est pas encore finie et le plus exigeant reste à venir. Il faut remplir la piscine, nous explique l’expert. Oui, la piscine au bord de laquelle nous-autres entrepreneurs sommes installés, prêts à bondir. Attention au choc à l’arrivée. Mieux vaut prendre le temps de remplir le bassin, jusqu’à ras-bord tant qu’à faire. Autrement dit, on ne se lance pas sans apport ni économies. Et si on peut se permettre le luxe des brassards, à savoir un fond de roulement confortable, alors c’est parti pour le grand bain…
Mardi 5 juillet - jour 5
" Je repars avec le sentiment d’avoir toutes les cartes en mains pour progresser. "
Dernière ligne droite. La matinée est consacrée à l’étude du chiffre d’affaires prévisionnel.
Pour chacun d’entre nous, que l’on soit futur commerçant, prestataire de service ou restaurateur, le formateur procède à des calculs personnalisés. Pour prétendre à un salaire honorable et réaliser des bénéfices, je sais à présent qu’il me faudra faire 2500 euros de ventes chaque mois. Les objectifs sont réalistes et ont le mérite d’être clairement posés.
Nous abordons ensuite le Business Model Canvas, outil stratégique qui décrit la logique de fonctionnement de notre projet.
Partenaires, activités clés, ressources, segmentation des clients… tout ce qui crée de la valeur pour notre entreprise est formalisé par écrit, sur une affiche individuelle grand format. Chacun est invité à compléter son affiche à volonté, en fonction des innovations identifiées. La méthode est tout à fait nouvelle pour moi et assez inattendue.
Ce soir, nous repartirons chacun avec notre rouleau sous le bras. Je m’en amuse et me demande déjà où je vais fixer mon « mémento évolutif ».
A la pause déjeuner, un point presse est organisé par la CCI Haute-Savoie. Plusieurs médias s’intéressent au stage et recherchent le témoignage des stagiaires. Me voici interrogée pour la presse écrite ! J’ai le trac ! La démarche est néanmoins très didactique, je mets à profit les apports de la formation et m’efforce de transmettre des informations claires et concises sur ma prochaine activité. Moi qui ne suis pas encore passée devant le notaire pour faire l’acquisition de ma boutique, je redoute tout de même d’attirer l’attention trop tôt. Je me fais donc discrète sur la date d’ouverture et sur l’adresse du local, réflexe superstitieux !
Cette séance médiatique surprise est une transition parfaite vers le programme de l’après-midi, puisqu’il sera question de marketing et de communication. Nous abordons tout ce qui a trait à l’image et la notoriété de l’entreprise et réfléchissons sur les canaux les plus appropriés pour toucher notre cœur de cible.
"Cette formation s’est avérée un formidable laboratoire d’idées"
Le cycle de formation s’achève sur une foire aux questions. Nous sommes étonnamment silencieux. Signe incontestable que le contenu pédagogique de ces 5 sessions était parfaitement exhaustif. Je repars avec le sentiment d’avoir toutes les cartes en mains pour progresser. Au-delà du professionnalisme des intervenants, je retiens l’interaction permanente avec les participants du groupe.
Cette formation s’est avérée un formidable laboratoire d’idées. Avec spontanéité et bienveillance, chacun a pu communiquer son ressenti et émettre son avis sur les projets des uns et des autres. A mon sens, ce regard extérieur est très bénéfique pour ajuster son positionnement. Je sais déjà que je reverrai certaines personnes du groupe. Je pense à Olivier, architecte d’intérieur, qui doit venir dans deux jours à la boutique pour me donner son avis sur les travaux que j’entreprends. Et puis tous les autres, que j’espère revoir à l’inauguration du magasin.
Au cours de toutes mes démarches de création d’entreprise, j’ai souvent regretté d’avancer seule, sans appui. Cette formation m’a donné le socle de connaissances et de compétences indispensable à mon prochain statut de chef d’entreprise. Et elle a fait plus encore. En créant des synergies et des affinités entre les porteurs de projet, elle a tissé les prémices d’un réseau.